« Non, je ne ferai pas de pot de départ. »

À quelques mois de la retraite, Marc, 62 ans, ingénieur à Grenoble, 40 ans d’ancienneté dans la même boîte, est catégorique : il n’organisera pas de fête de départ. C’était sans compter sur sa femme, retraitée dynamique et épanouie, et son fils, le réalisateur pour lesquels, partir sans un au revoir est inconcevable.

Pourquoi ce refus ? Que signifie un tel blocage ? Comment peut-on se résoudre à disparaître du jour au lendemain d’une vie entière passée au travail sans ce rite social incontournable ? Bastien, le réalisateur, avec la complicité de ses proches et des collègues de son père décide d’organiser le vrai-faux pot de départ de son père… le meilleur qui soit, celui qu’il mérite.

Derrière la pudeur d’un homme face à la perspective de cette fête gênante se reflète le malaise de toute une génération de travailleurs seniors. La crise économique et les plans de départ ont accéléré leurs fins de carrière tandis que pendant deux ans, le COVID et l’instauration du télétravail ont empêché l’organisation de toutes formes de pots d’amitié. Et demain que restera-t-il ? C’est quand la fête est finie que se révèle toute son importance. Aussi désuète ou maladroite soit-elle, la tradition du pot de départ en retraite est un rituel nécessaire pour les animaux sociaux que nous sommes.

Alors comment faire ? Diaporama ou chansons détournées ? Chorégraphies ou messages filmés ? Chips ou petits fours ? Discours pompeux ou goguenard ? Qui inviter ? Cette plongée au coeur de ces rituels kitchs et surtout touchants se révèle progressivement une enquête aussi sérieuse qu’humoristique sur le rituel du pot de départ à la retraite.